Moustique tigre et lutte anti-vectorielle - Informations grand public

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En France métropolitaine, le moustique tigre (aedes albopictus) fait l’objet d’une surveillance renforcée de la part de l’ARS et de Santé publique France car il peut, dans certaines conditions, être vecteur des virus de la dengue, du chikungunya et du Zika. Retrouvez ici toutes les recommandations et informations utiles.

Si ces maladies ne sont pas encore présentes en métropole, elles sévissent à plusieurs endroits du globe (épidémie de dengue aux Antilles, en Amérique latine ou à la Réunion par exemple). Elles peuvent être importées par des voyageurs porteurs du virus. Si le moustique tigre pique une personne malade, il peut transmettre le virus en piquant d’autres personnes. Ce pourrait être le début d’une épidémie.

Le moustique Aedes albopictus est un moustique originaire d’Asie et a connu une expansion importante par le biais des transports internationaux. De très petite taille (5 à 7 mm), il se distingue des autres moustiques par sa coloration contrastée noire et blanche, d’où son appellation commune de "moustique tigre". 

  • Il pique le jour : contrairement au moustique commun (Culex) qui passe la nuit à vous piquer et dont le vol bruyant vous empêche de fermer l’oeil, le moustique tigre est silencieux et diurne, c’est-à-dire qu’il pique plutôt le jour (principalement le matin et en soirée).
  • Rayé noir et blanc : plutôt que « tigré », le moustique tigre est « zébré » noir et blanc sur tout le corps et les pattes. Il est également caractérisé par la présence d’une ligne blanche le long de son thorax.
  • Il est petit et vif : du nom « tigre », il ne garde que la rapidité et la férocité. Question taille, il est plus petit qu’une pièce de 1 centime d’euro (soit moins de 0,5 centimètre) !

Vous l'avez reconnu ? Signalez-le !

L’ensemble de la population peut participer à la surveillance de cette espèce afin de mieux connaître sa répartition. Il s'agit d'une action citoyenne permettant de compléter les actions mises en place.

Rendez-vous sur le site ci-dessous où un questionnaire vous permettra de vérifier rapidement s'il s'agit bien d'un moustique tigre.

Je signale le moustique tigre 

Les femelles moustique tigre privilégient de petites quantités d'eau pour pondre leurs œufs (l'équivalent d'un bouchon d'eau peut leur suffire!). Elles pondent jusqu'à 200 œufs tous les 15 jours qui se développent dans toutes sortes de récipients et réservoirs artificiels où l'eau peut stagner : vases, pots et coupelles, récupérateurs d'eau, fûts, bidons, bondes, rigoles, regards pluviaux, gouttières, terrasses sur plots, ou même dans des objets laissés dans le jardin (jeux d'enfants, pneus, matériel de travaux...).

80% des moustiques naissent sur le domaine privé… L’implication de chacun représente une grande part de la lutte contre les moustiques. En supprimant ou vidant tous les endroits et objets pouvant retenir l’eau de pluie, on empêche le moustique tigre de pondre et de proliférer.

Coupez l'eau au moustique tigre !

Le moustique Aedes albopictus se déplaçant peu, celui qui vous pique est "né chez vous". Chacun peut agir en évitant le développement des lieux potentiels de ponte :

  • Éliminer les endroits où l’eau peut stagner, même les plus petits, à l’extérieur, une fois par semaine : coupelles des pots de fleurs, bâches, déchets verts, encombrants, jeux d'enfants… Le moustique adore les rétentions de pluie dans un amas de feuilles ou d’autres matières !
    Petite astuce : Vous pouvez mettre du sable dans les soucoupes de pots de fleurs : l’eau sera présente pour la plante mais le moustique ne pourra pas y pondre.
  • Vérifier le bon écoulement des eaux de pluie et notamment les regards d’eau de pluie, les gouttières, les toits-terrasses...
  • Contrôlez les récupérateurs d’eau de pluie : ils constituent de très bons gîtes larvaires ! Même fermés par un couvercle, le moustique peut entrer et sortir par la gouttière : tendre une moustiquaire ou un tissu entre la sortie de la gouttière et la surface de l’eau, et vérifier et supprimer toutes les semaines les larves installées ou vider l’eau.
  • Couvrir les réservoirs d’eau (bidons d’eau, citernes, bassins, piscines hors d’usage…) avec un voile ou un simple tissu pour éviter à l’eau de stagner et au moustique d’y accéder.

Téléchargez la liste des bons gestes à adopter

Se protéger du moustique tigre, c’est éviter les piqûres quand on est chez soi mais c’est aussi les éviter lorsqu’on voyage : pour ne pas être malade d’une part, mais également pour ne pas importer les virus de la dengue, du chikungunya ou du Zika en métropole et risquer de contaminer d’autres personnes n’ayant pas voyagé à son retour. Voici des conseils de protection.

Portez des vêtements clairs, couvrants et amples

Ce sont des mesures très efficaces pour réduire l’exposition aux piqûres. Veillez à bien protéger les pieds et chevilles. L’imprégnation des vêtements par des insecticides renforce cette protection.

Utilisez des produits anti-moustiques

Ils contiennent un principe actif qui éloigne les insectes sans toutefois les tuer : à appliquer sur toutes les parties découvertes du corps (sauf muqueuses et lésions cutanées étendues) et à renouveler régulièrement.

Des précautions d’emploi sont à respecter notamment chez l’enfant et chez la femme enceinte. Pour les jeunes enfants, employez en priorité une moustiquaire de berceau (non imprégnée et des vêtements couvrants). Demandez conseil à un professionnel.

Protégez-vous à l’intérieur de votre habitat

Utilisez des répulsifs comme les diffuseurs électriques à l’intérieur de votre habitation,

Les moustiques n’aiment pas les endroits frais ou venteux, la climatisation ou encore l’utilisation d’un ventilateur est un bon moyen de protection individuelle,

Equipez les portes et fenêtres de moustiquaires,

Utilisez les tortillons fumigènes uniquement en extérieur.

En cas de retour de voyage à l’étranger,  durant 15 jours, restez vigilant à l’apparition de fièvre brutale, douleurs musculaires ou articulaires, maux de tête, larmoiements, éruption cutanée avec ou sans fièvre. Si vous ressentez ces symptômes, consultez rapidement un médecin en évoquant votre retour de voyage.

Si vous êtes enceinte, évitez de voyager dans des zones où le moustique est présent. Le virus Zika peut engendrer de graves anomalies du développement cérébral chez l’enfant.

Avant de préparer votre voyage, vous pouvez consultez la carte interactive des zones d'épidémie dans le monde

Dans le cadre des missions de lutte contre la propagation des maladies vectorielles à risque épidémique, l’ARS Centre-Val de Loire assure la surveillance de la progression de la colonisation du moustique tigre sur notre territoire (surveillance entomologique) et assure, en collaboration avec Santé publique France, la surveillance épidémiologique qui correspond au suivi des cas déclarés de dengue, chikungunya et Zika dans la région.

Bilan de la surveillance entomologique 2023 : un nombre de communes colonisées multiplié par 2

En métropole, le moustique s’est développé de manière significative et continue depuis 2004, et est désormais présent dans 78 départements métropolitains.

Tous les départements de Centre-Val de Loire sont concernés à l’exception de l’Eure-et-Loir, où ce moustique a toutefois été repéré de manière ponctuelle dans 4 communes au cours des deux dernières saisons.

Le Laboratoire Inovalys Tours réalise la surveillance des populations de moustiques sur le territoire pour le compte de l’ARS sur la région Centre-Val de Loire. Cette surveillance est mise en œuvre pendant la période d’activité du moustique, de mai à novembre.

Un réseau de plus de trois cents pièges pondoirs permettant de détecter la présence du moustique tigre est déployé sur le territoire régional, en particulier sur les communes situées à proximité de zones colonisées, les sites présentant un risque d’importation (aéroports, zones touristiques, plateforme logistiques, etc.) ou encore au niveau de sites sensibles comme les établissements de santé.

En complément de ce suivi actif, le laboratoire Inovalys traite également les signaux enregistrés par les particuliers sur le site www.moustiques.fr

Cette surveillance a mis en évidence une forte progression de la présence du moustique en région Centre-Val de Loire : au cours de la saison 2023, le nombre de communes colonisées a été multiplié par deux et désormais de 65. Si ce nombre peut paraître peu élevé, c’est désormais 33% de la population régionale qui est concernée par un risque potentiel de transmission épidémique d’arbovirose. Ce pourcentage est même de 50% en Indre-et-Loire et de 45% dans le Loiret.

  • Bilan 2023 de la surveillance entomologique

Surveillance passive d’Aedes albopictus par signalements citoyens

60 signalements traités

(408 signalements sans traitement car dans des communes déjà colonisées)

7 signalements positifs qui ont conduit à déclarer 3 communes colonisées

Surveillance active d’Aedes albopictus par piégeage

344 pièges 131 communes surveillées

2 245 relevés réalisés

11.7 % de relevés positifs

88.3 % de relevés négatifs

Et 2.3 % relevés inexploitables

Progression de la colonisation dans les communes de la région

35 nouvelles communes colonisées

16 communes avec détection ponctuelle

65 communes colonisées fin 2023 (sur 1 758) (Source, DGCL, Open collectivités)

33 % de la population régionale concernée réside dans une commune colonisée par le moustique tigre, et est concernée par un risque potentiel d’arbovirose

 Source : ARS Centre-Val de Loire - IGN / AdminExpress ©

Bilan de la surveillance épidémiologique et des interventions autour des cas humains en 2023 : un nombre de cas de dengue importé en forte augmentation  

Lorsqu’une personne ayant contracté la dengue, le chikungunya ou le Zika (on parle alors de cas importé) est recensée dans la région, l’ARS, après investigation, est en mesure de demander immédiatement à son opérateur une prospection sur le terrain autour des lieux fréquentés par la personne malade durant la période à laquelle elle pouvait transmettre le virus. Ces enquêtes ont pour but de mettre en œuvre si nécessaire les mesures destinées à lutter contre les moustiques présents, à la fois par la suppression des gîtes larvaires, et par des traitements biocides si nécessaire. Ces opérations se déroulent dans un rayon de 150 mètres autour des lieux fréquentés par la personne malade car c’est la distance dans laquelle évolue le moustique durant sa vie.

L’objectif de ces actions est d’éviter une transmission de la maladie par la présence de moustiques qui auraient piqués la personne malade et seraient ainsi capables de la transmettre à d’autres personnes.

  • Bilan 2023 de la surveillance épidémiologique

L’année 2023 a vu une très forte augmentation du nombre de cas importés (c’est-à-dire avec acquisition de la maladie lors d’un voyage à l’étranger), liée au contexte épidémiologique international et en particulier à l’épidémie de dengue déclarée aux Antilles en août dernier d’où sont revenus de nombreux voyageurs.

La cellule régionale de Santé publique France, chargée du suivi épidémiologique, a comptabilisé entre mai et novembre 2023 en Centre-Val de Loire, 66 cas importés de dengue, la majorité en provenance des Antilles (49 cas). Ce chiffre nettement plus élevé que le nombre de cas enregistrés lors des 5 années précédentes, soit 31 cas au total dont 17 signalés en 2020, lors de la précédente épidémie de Dengue aux Antilles (cf. BSP Arboviroses). Aucun cas autochtone n’a été recensé dans notre région.

Évolution annuelle du nombre de cas d’arboviroses importés déclarées en période de surveillance renforcée (mai à novembre) par département de résidence (ou virémie), Centre-Val de Loire, 2018-2023 (Source : Santé publique France) 

Évolution mensuelle du nombre de cas d’arboviroses importés déclarées en période de surveillance renforcée (mai à novembre) par département de résidence (ou virémie), Centre-Val de Loire, 2023 (Source : Santé publique France)

 

  • Bilan 2023 des opérations de lutte anti-vectorielle

Les investigations menées autour des cas humains importés ont conduit à réaliser des interventions sur le territoire régional en matière de prospection entomologique (pour vérifier la présence du moustique) et d’intervention biocides pour éliminer les moustiques adultes. Des traitements biocides ont été réalisés pour la première fois dans la région autour des cas humains par l’opérateur Rentokil initial.

Ils ont été au nombre de six et ont concernés les départements du Cher (Bourges), de l’Indre (Déols), de l’Indre-et-Loire (Veigné et une opération commune sur les communes de Ballan-Miré et Joué-lès-Tours) et du Loiret (Villemandeur et Saint-Cyr-en-Val).

 Opérations de lutte anti-vectorielle en Centre-Val de Loire

66 cas d’arboviroses

14 enquêtes entomologiques

6 avec présence de vecteurs

6 traitements de lutte anti-vectorielle réalisés