Qualité de l'eau potable en 2022

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Image d'une verre d'eau

En Centre-Val de Loire plus de 13 000 prélèvements sont annuellement planifiés par l’ARS, au titre du contrôle sanitaire, pour s’assurer de la qualité de l’eau distribuée depuis la ressource jusqu’au robinet du consommateur. Les éléments présentés ci-après constituent une synthèse régionale de la qualité des eaux distribuées pour l’année 2022.

En 2022, 97,3 % de la population régionale a bénéficié d’une eau de bonne qualité bactériologique, avec un taux de conformité des analyses supérieur ou égal à 95 %. Par ailleurs, 2,7 % de la population régionale a été desservie par une eau dont le taux de conformité était compris entre 80 % et 95 %. Seule une petite unité de distribution du Loiret, desservant une population totale de 265 habitants, a été alimentée par une eau de mauvaise qualité bactériologique (taux de conformité inférieur à 80 % pour cause de défaut de chloration et de vidange annuelle du réservoir d’eau potable).

Les non conformités observées en 2022 ont entrainé des interdictions temporaires, d’une durée de quelques jours, de la consommation de l’eau dans quatre unités de distribution (une dans l’Indre et le Loiret, deux dans l’Eure-et-Loir) alimentant une population totale de 23 533 habitants. Ces restrictions, justifiées par une présence trop importante de bactéries dans l’eau, ont été levées après mise en œuvre de mesures correctives et obtention de résultats d’analyses attestant du retour à la conformité de l’eau distribuée.

Pour mémoire, l’interdiction qui avait concerné l’UDI de Châteauroux Nord, en juin 2022, avait été très médiatisée. Elle était liée à l’utilisation d’une nappe d’eau souterraine vulnérable aux pollutions microbiologiques, ainsi qu’à une défaillance du traitement de l’eau par chloration. Suite à une inspection de l’ARS, un renforcement du traitement de désinfection de l’eau a été mis en place en 2023.

Répartition, par département, des unités de distribution (UDI) et de la population en fonction du pourcentage de conformité bactériologique des analyses d’eau en 2022

Le nombre d’unités de distribution présentant un taux de conformité bactériologique de l’eau inférieur à 95 % varie sensiblement selon les années : 47 UDI étaient dans ce cas en 2022 contre 56 UDI en 2021 (et 28 UDI en 2020). Ces fortes variations s’expliquent notamment par des facteurs météorologiques, les non conformités étant plus nombreuses les années pluvieuses (ou avec un nombre de jours plus important de fortes pluies). 

En 2022, 10 820 habitants, soit 0,4 % de la population régionale, ont été alimentés par une eau dont la teneur moyenne en nitrates a dépassé la limite de qualité (50 mg/L). Des restrictions de consommation de l’eau pour les femmes enceintes et les nourrissons ont été prononcées. Il est à noter qu’un total de 68 unités de distribution desservant 170 285 habitants, soit 6,6 % de la population régionale, ont été alimentées par une eau ayant eu (au moins) un dépassement ponctuel de la limite de qualité (50 mg/L). Le département d’Eure-et-Loir reste, comme les années précédentes, le département le plus concerné de la région par des dépassements chroniques de la limite de qualité en nitrates dans l’eau du robinet, suivi par le Loiret et dans une moindre mesure le Cher.

De plus, il est à noter qu’une UDI du Loiret, alimentant 295 habitants, a dépassé le seuil de 100 mg/L de nitrates dans les eaux distribuées : une interdiction de consommation de l’eau a été prononcée jusqu’à la mise en œuvre d’une interconnexion, fin août 2023, permettant le retour à la conformité de l’eau distribuée.

En 10 ans, une diminution par quatre du nombre d’habitants desservis par une eau dont la teneur moyenne est non conforme en nitrates est observée. Cette amélioration résulte principalement de la mise en place de mesures curatives (interconnexions, recours à de nouvelles ressources, voire de l’installation de stations de traitement de dénitrification). Les données de l’année 2022 font état d’une amélioration sensible par rapport à 2020 et à 2021, dans un contexte de mise en demeure de La France par la Commission européenne, le 30 octobre 2020, pour non-respect des exigences de la Directive européenne relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine pour ce paramètre nitrates.

Cet effort doit être maintenu, car de nouvelles situations de dépassements ponctuels de la limite de qualité en nitrates ont concerné des agglomérations importantes (Chartres, Châteauroux…). Ainsi, en 2022, la population régionale alimentée par de l’eau ayant, y compris ponctuellement, présenté un dépassement de la limite de qualité a presque triplé par rapport à 2021 pour s’élever à 170 285 habitants.

Répartition par département des unités de distribution (UDI) et de la population en fonction des teneurs moyennes en nitrates dans l’eau en 2022

Données nitrates eau potable 2022

Évolution du nombre d’unités de distribution non conformes et de la population alimentée par une eau non conforme (en moyenne) en nitrates depuis 2014

Historique nitrates eau potable 2022

En 2022, à la lumière de nouvelles connaissances scientifiques disponibles, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a procédé à une réévaluation des risques liés à deux métabolites de pesticides (produits de transformation des pesticides), l’ESA métolachlore et le NOA métolachlore. Ils ont ainsi été classés, fin septembre 2022, comme métabolites non pertinents (à savoir ne pouvant pas engendrer, eux-mêmes ou leurs produits de transformation, un risque inacceptable pour le consommateur). Depuis cette date, la limite de qualité de 0,1 µg/L ne s’applique plus à ces molécules.

Les résultats des analyses de l'année 2022 présentés dans ce bilan tiennent compte des exigences de qualité applicables dans ce nouveau cadre.

Ainsi, en région Centre-Val de Loire, en 2022 :

  • 92,3 % de la population, soit 2 371 519 habitants, a été alimentée par de l’eau conforme aux limites de qualité,
  • 5,2 % de la population, soit 134 802 habitants a été alimentée par de l’eau ayant fait l’objet d’un dépassement ponctuel (de moins de 30 jours) en pesticides,
  • 2,4 % de la population, soit 62 871 habitants a été alimentée par de l’eau ayant présenté des dépassements récurrents (plus de 30 jours dans l’année) en pesticides.

Ces dépassements n’ont toutefois pas nécessité la mise en place de restriction de l’utilisation de l’eau pour les usages alimentaires, conformément aux préconisations de la Direction générale de la santé (DGS) établies sur la base de l’expertise de l’ANSES. En effet, pour ces paramètres non conformes, aucun dépassement de la valeur sanitaire maximale (Vmax) définie par l’ANSES n’a été observé.

La modification des exigences de qualité pour l’ESA métolachlore (et dans une moindre mesure pour le NOA métolachlore), rappelée en préambule, explique en grande partie la diminution sensible des non-conformités chroniques en pesticides observée entre 2021 (90 UDI concernées alimentant 149 000 habitants) et la fin de l’année 2022 (43 UDI concernées alimentant 62 871 habitants). L’atrazine (herbicide interdit d’usage depuis 2003) et ses métabolites sont responsables de la majorité des situations de non-conformité observées en fin d’année 2022.

En outre, les métabolites de pesticides classés non pertinents par l’ANSES doivent désormais satisfaire à une valeur indicative fixée à 0,9 µg/L. Il est à noter que trois UDI (une dans le Cher, une dans l’Indre et une dans le Loiret), alimentant une population totale de 7000 habitants, présentent un dépassement de cette valeur et leurs gestionnaires doivent mettre en œuvre des actions proportionnées (suivi de la qualité, enquête, mesures préventives) afin de retrouver une conformité de l’eau distribuée.

Par ailleurs, il convient de préciser que les listes des pesticides analysés au contrôle sanitaire des eaux sont régulièrement mises à jour en fonction des capacités analytiques des laboratoires. Ainsi, le chlorothalonil R471811, métabolite du chlorothalonil (fongicide interdit d’usage depuis 2020), est notamment recherché depuis septembre 2023, suite à une étude de l’ANSES ayant mis en évidence sa présence dans les eaux.

Pour en savoir plus sur la réglementation applicable, ainsi que sur les risques sanitaires, il convient de se référer à la rubrique Réglementation et risques sanitaires - onglet "pesticides".

Répartition par département des unités de distribution (UDI) et de la population en fonction des teneurs maximales rencontrées en pesticides en 2022

Données pesticides eau potable 2022

Evolution du nombre d'unités de distribution et des populations concernées par des non conformités récurrentes en pesticides dans l'eau depuis 2014

Données pesticides historique eau potable 2022

En Centre-Val de Loire, les teneurs moyennes en fluorures dans les eaux distribuées en 2022 étaient conformes aux dispositions du code de la santé publique, à l’exception d’une UDI dans l’Indre alimentant 1 600 habitants.

 

1 542 analyses de chlorure de vinyle monomère (CVM) ont été réalisées en 2022 aux robinets d’immeubles ou de logements. Le taux de non-conformités a été de 7 %. Il convient de préciser que la présence de CVM en un point ne signifie pas que cette pollution affecte l’ensemble du réseau ou de la ville. En effet, la présence de CVM est liée à l'existence de conduites en PVC posées avant 1980 et les concentrations rencontrées dépendent de paramètres locaux (linéaires de conduites concernées, temps de séjour de l’eau dans les conduites…).
En pratique, les extrémités de réseaux, en zone rurale plus particulièrement, sont les plus concernées en raison d’un temps de séjour de l’eau majoré. Leur impact est donc limité concernant la population exposée. Des restrictions de consommation ont été prononcées dans les secteurs concernés en cas de non-conformité confirmée et d’absence de plan d’action permettant un retour à la normale.
Les personnes responsables de la production et de la distribution de l’eau (PRPDE) doivent mener des études pour répertorier les secteurs à risques (la date limite fixée par la Direction générale de la santé était le 15/07/2022), puis des campagnes d’analyses ciblées pour déterminer les zones où l’eau est non conforme, donc nécessitant la mise en place de mesures correctives. 

Pour en savoir plus sur la réglementation applicable, ainsi que sur les risques sanitaires, il convient de se référer à la rubrique "réglementation et risques sanitaires.

L’ARS Centre-Val de Loire a engagé en 2012 une campagne de mesures des ions perchlorates dans les eaux destinées à la consommation humaine mettant en évidence la nécessité de suivre ce paramètre principalement dans le Loiret et l’Eure-et-Loir.

Fin 2021, 11 UDI du Loiret totalisant 14 045 habitants (soit 2,1 % de la population du département), 28 UDI d’Eure-et-Loir (alimentant 23 905 habitants soit 5,6 % de la population) et une UDI de l’Indre (3 486 habitants soit 1,6 % de la population) étaient alimentées par une eau dont la teneur moyenne en ions perchlorates a dépassé le seuil de 4 µg/L, à partir duquel il est recommandé de limiter l’utilisation de l’eau pour la préparation des biberons des nourrissons de moins de 6 mois. De plus, 7 UDI du Loiret totalisant 2 177 habitants (soit 0,3 % de la population du département) ont été alimentées par une eau dont la teneur moyenne en ions perchlorates a dépassé le seuil de 15 µg/L à partir duquel il est recommandé de limiter l’utilisation de l’eau pour la préparation des biberons des nourrissons de moins de 6 mois, ainsi que pour les femmes enceintes et allaitantes. Des recommandations adaptées de limitation de consommation ont été adressées aux abonnés.

Pour en savoir plus sur la réglementation applicable, ainsi que sur les risques sanitaires, il convient de se référer à la rubrique "réglementation et risques sanitaires - onglet perchlorates

Il convient de préciser que la limite de qualité pour le sélénium dans l’eau du robinet a été relevée le 1er janvier 2023 (de 10 µg/L à 20 µg/L, voire à 30 µg/L si le sélénium présent dans l’eau est d’origine naturelle), pour tenir compte des nouvelles exigences de qualité fixées par la Directive européenne du 16 décembre 2020. Au regard de ces nouveaux critères, en 2022, seules 4 UDI situées en Eure-et-Loir présentaient des teneurs moyennes en sélénium comprises entre 20 et 30 µg/l.

Pour en savoir plus sur la réglementation applicable, ainsi que sur les risques sanitaires, il convient de se référer à la rubrique "réglementation et risques sanitaires" - onglet sélénium.

Suite à la publication de la Directive européenne 16 décembre 2020, la réglementation* a évolué, depuis janvier 2023, afin de définir une limite de qualité fixée à 0,1 µg/L pour la somme de 20 PFAS jugés d’intérêt prioritaire dans l’eau destinée à la consommation humaine.

* : Arrêté du 11 janvier 2007 modifié relatif aux limites et références de qualité des eaux brutes et des eaux destinées à la consommation humaine (EDCH)

Cette réglementation** ne prévoit toutefois pas d’intégration systématique de ces composés au contrôle sanitaire des eaux avant janvier 2026.  

** : Arrêté du 11 janvier 2007 modifié relatif au programme de prélèvements et d'analyses du contrôle sanitaire pour les eaux fournies par un réseau de distribution

Par anticipation, l’ARS a décidé d’inscrire au contrôle sanitaire des eaux le suivi des PFAS dans les secteurs identifiés à risque au regard de cette problématique dès 2024 (après la montée en compétence des laboratoires dans la recherche de ces composés). Cette action s’inscrit dans le cadre de la déclinaison du plan d’action national PFAS 2023-2027 (https://www.ecologie.gouv.fr/plan-daction-ministeriel-sur-pfas ).

Pour en savoir plus sur la réglementation applicable, ainsi que sur les risques sanitaires, il convient de se référer à la rubrique "réglementation et risques sanitaires – onglet PFAS.

Conclusion du bilan 2022

Ce bilan montre que l’eau distribuée dans la région est de qualité satisfaisante avec toutefois des disparités géographiques. Ainsi, les problèmes de qualité liés aux nitrates, mais également aux perchlorates, affectent majoritairement le département d’Eure-et-Loir ainsi que le nord du département du Loiret.

Concernant les nitrates, cette synthèse met en évidence la nécessité d’agir pour prévenir les nouvelles contaminations de ressources en eau et pour solutionner, dans les meilleurs délais, les situations de non-conformités observées au niveau de l’eau distribuée. Sur ce point, il convient de rappeler le contexte de mise en demeure de La France par la Commission européenne, le 30 octobre 2020, pour non-respect des exigences de la Directive européenne relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine. Ce bilan 2022 traduit les efforts engagés dans ce domaine, avec une diminution notable, par rapport à l’année 2021 (passage de 19 200 à 10 800 habitants), des populations alimentées par une eau dépassant en moyenne la limite de qualité en nitrates (50 mg/L). Néanmoins, par rapport à l’année 2021, le constat est dressé d’une hausse des unités de distribution (68 contre 65) ayant présenté des dépassements (y compris) ponctuels de cette limite de qualité, ainsi qu’une forte hausse des populations concernées (170 300 habitants contre 66 900).

Concernant les pesticides, dont le terme générique regroupe les molécules actives de pesticides, mais également leurs produits de transformation (communément appelés métabolites de pesticides), il est constaté une baisse importante des populations alimentées par de l’eau présentant des non-conformités chroniques entre 2021 (149 400 habitants concernés) et la situation observée en fin d’année 2022 (62 900 habitants concernés). Cette baisse est très largement imputable au fait que l’ESA métolachlore (et le NOA métolachlore dans une moindre mesure) ne sont plus soumis à la limite de qualité de 0,1 µg/L, depuis la réévaluation de leur dangerosité par l’ANSES, dans son avis publié le 30 septembre 2022.

Il convient également de préciser que les listes des pesticides analysés au contrôle sanitaire des eaux sont régulièrement mises à jour en fonction des capacités analytiques des laboratoires. Ainsi, le chlorothalonil R471811, métabolite du chlorothalonil (fongicide interdit d’usage depuis 2020), est notamment recherché depuis septembre 2023, suite à une étude de l’ANSES ayant mis en evidence sa présence dans les eaux.

Concernant le chlorure de vinyle monomère, sa présence dans l’eau est liée à des canalisations en PVC posées avant 1980. Les secteurs avec une eau dépassant la limite de qualité de 0,5 µg/L sont pour l’essentiel des antennes de réseaux en zones rurales. Il est rappelé aux collectivités la nécessité d’engager des études diagnostics et des campagnes d’analyses pour identifier ces secteurs distribuant une eau non conforme, puis mettre en œuvre des mesures correctives adaptées.

Les dernières données relatives à la qualité de l’eau distribuée dans chaque commune, avec les conclusions sanitaires de l’ARS adaptés à ces changements d’exigences de qualité, sont disponibles sur le site www.eaupotable.sante.gouv.fr .

De plus, au-delà de ce bilan régional, l’ARS Centre-Val de Loire publie des bilans de qualité de l’eau distribuée (info-facture 2022) pour chaque unité de distribution (lien : https://www.centre-val-de-loire.ars.sante.fr/qualite-de-leau-potable-synthese-annuelle-par-commune-info-facture )

Cette synthèse doit permettre de sensibiliser les acteurs de l’eau sur la fragilité de la ressource dans la région et de conduire au développement de projets territoriaux portant l’amélioration de la qualité de l’eau : élaboration et mise en œuvre de Plans de gestion de la sécurité sanitaire des eaux distribuées (PGSSE), de mesures de protection de la ressource en eau… A ce titre, la nouvelle réglementation applicable depuis janvier 2023 rend obligatoire l’élaboration des PGSSE (avant juillet 2027 au niveau des zones de captages et avant janvier 2029 au niveau des installations de production et de distribution d’eau potable)... De plus, de nouveaux textes sont attendus pour assurer une meilleure protection des captages, vis-à-vis notamment des pollutions diffuses (nitrates, pesticides).