Chenilles processionnaires : gare aux poils urticants !

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Les chenilles processionnaires du pin et du chêne peuvent libérer des poils microscopiques, très urticants. Au-delà de leur impact sur les arbres, elles présentent des risques pour la santé des personnes exposées. Découvrez ici nos recommandations pour les reconnaitre et se protéger.

Deux espèces de chenilles urticantes sont présentes en région Centre-Val de Loire : la processionnaire du pin et la processionnaire du chêne.

La présence de processionnaires du pin a été identifiée sur l’ensemble du territoire régional, après avoir progressé depuis le sud-ouest de la France*. 

La présence de processionnaires du chêne a surtout été identifiée en Eure-et-Loir et dans le Loiret, en provenance du nord-est de la France, mais des foyers peuvent se retrouver dans l’ensemble de la région*. 

* Ces informations sont issues d’un croisement de sources de données de différents organismes (ARS, FREDON, INRAE, DSF, ONF) : la présence d’une espèce de chenille dans un département a été considérée dès lors que ce département a fait l’objet d’au moins une observation de cette espèce entre 2007 et 2022.

La mise en place récente de la plateforme de signalement des chenilles processionnaires (https://signalement-chenilles-processionnaires.atlasante.fr/apropos), accessible à tous, permettra d’actualiser et d’affiner les connaissances sur la présence de ces deux espèces sur l’ensemble de la région Centre-Val de Loire au cours des prochaines années.

Les chenilles processionnaires du pin (Thaumetopea pytiocampa) vivent sur les pins, les cèdres et de manière occasionnelle sur d’autres espèces de résineux. Elles se déplacent en procession (file indienne) le long des troncs pour se nourrir d’aiguilles et, au printemps, se dirigent vers le sol pour chercher un lieu de nymphose (enfouissement dans le sol). Elles tissent leur nid en forme de bourses de soies blanches aux extrémités des branches des pins. Même lorsqu’ils sont vides, ces nids contiennent des soies urticantes.

Comment la reconnaître ?

  • Tête foncée

  • Poils bruns/orangés

  • Corps foncé avec des tâches rougeâtres sur le dessus

  • Lignes noires 

  • Longueur maximale : 40 mm

 

Périodes d’exposition

Schéma du cycle de vie de la processionnaire du pin :

Les chenilles processionnaires du pin passent par 5 stades larvaires au cours desquels la taille (longueur et diamètre) et le nombre de soies (poils) de la chenille augmentent. Au premier stade (L1), après l’éclosion qui a lieu 30 à 45 jours après la ponte, les chenilles mesurent quelques millimètres et peuvent atteindre jusqu’à 40mm de long dans les derniers stades larvaires (L4 et L5).

Les soies urticantes des chenilles processionnaires du pin sont retrouvées des stades larvaires 3 à 5 sur les arbres, sur leur corps, dans les cocons, dans les nids et dans le sol. Le potentiel urticant de ces soies peut durer plusieurs années.

Les chenilles processionnaires du pin sont urticantes et allergisantes de novembre à mars, période à risque d’exposition pour les humains et les animaux.

Les chenilles processionnaires du chêne (Thaumetopoea processionea) vivent sur les chênes (principalement sur les chênes pédonculés et sessiles) sur lesquels elles se déplacent en procession (file indienne) le long des troncs. Elles tissent leur nid, en forme de plaque ou sac, sur le tronc ou sur les grosses branches des chênes. Même lorsqu’ils sont vides, ces nids contiennent des soies urticantes. 

Comment la reconnaître ?

  • Tête noire

  • Longs poils blancs argentés

  • Corps foncé

  • Lignes oranges

  • Longueur maximale : 50 mm   

 

Périodes d’exposition

Schéma du cycle de vie de la processionnaire du chêne :

Les chenilles processionnaires du chêne passent par 5 stades larvaires au cours desquels la taille (longueur et diamètre) et le nombre de soies (poils) de la chenille augmentent. Au premier stade (L1), les chenilles mesurent quelques millimètres et peuvent atteindre jusqu’à 50mm de long dans les derniers stades larvaires (L4 et L5).

Les soies urticantes des chenilles processionnaires du chêne sont retrouvées à partir du 3ème stade larvaire sur les arbres, sur leur corps, dans les cocons et dans les nids.

Les chenilles processionnaires du chêne sont urticantes et allergisantes de mai à juillet, période à risque d’exposition pour les humains et les animaux.

Les chenilles processionnaires du chêne et du pin possèdent des milliers de poils et des soies urticantes qui peuvent se détacher très facilement sous l’effet du vent ou être éjectés par l’animal lorsqu’il se sent en danger. Ces soies peuvent être transportées sur de longues distances. Par leur structure particulière (forme de harpons), elles s'accrochent facilement aux tissus et déclenchent une réaction d’urtication par libération d'histamine chez les humains et chez les animaux lorsqu’ils entrent au contact de la peau et des muqueuses.

La survenue d’effets n’implique donc pas forcément d’avoir été en contact direct avec les chenilles.

Source : Observatoire des chenilles processionnaires – FREDON France 

Contact avec la peau

Apparition dans les huit heures d'une éruption douloureuse et de plaques rouges avec de sévères démangeaisons ou sensations de brûlures. Les poils urticants se dispersent aisément par la sueur, le grattage et le frottement ou par l'intermédiaire des vêtements.

Contact avec les yeux

Développement après 1 à 4 heures d'une conjonctivite (yeux rouges, douloureux et larmoyants).

Contact par inhalation

Les poils urticants irritent les voies respiratoires. Cette irritation se manifeste par des éternuements, des maux de gorge, des difficultés à déglutir et éventuellement des difficultés respiratoires.

Contact par ingestion

Il se produit une inflammation des muqueuses de la bouche et des intestins qui s'accompagne de symptômes tels que de l'hypersalivation, des vomissements et des douleurs abdominales.

Mesures pour se protéger lors de sorties : 

  • éviter de rester sous ou près des arbres colonisés et ne pas toucher les chenilles ni les nids ou les pièges ; 

  • ne pas se promener sous ou près des arbres porteurs de nids ;

  • porter des vêtements longs et prendre une douche en rentrant de promenade ;

  • ne pas laisser jouer les enfants à proximité d'un arbre atteint. Les munir de vêtements à longues manches, de pantalons, d'un couvre-chef et éventuellement de lunettes ;

  • éviter de faire sécher du linge sous ou près des arbres infestés ;

  • ne pas se frotter les yeux pendant ni au retour d’une promenade et se laver les mains ;

  • bien laver les fruits et légume récoltés dans un secteur infesté.

Vous avez été ou suspectez avoir été exposé à des poils urticants de chenilles processionnaires ?

En cas de réaction allergique au niveau des yeux, de la peau ou des voies respiratoires : consultez rapidement un médecin, un pharmacien ou contactez un centre antipoison.
En cas de signes d’urgence (détresse respiratoire, perte de connaissance…) : appelez immédiatement le 15 (SAMU), le 112 (numéro d’urgence depuis un portale) ou le 114 (pour les personnes sourdes et malentendantes).
  • Ne pas se frotter les yeux ;

  • Prendre une douche en se rinçant bien, y compris les cheveux, pour faire partir les poils ;

  • Changer de vêtements et laver immédiatement les vêtements exposés ;

  • En cas de lésions : ne pas frotter les zones lésées pour éviter de casser les poils invisibles présents ;

  • En cas d’exposition des animaux domestiques : consulter un vétérinaire ou appeler un centre antipoison vétérinaire et éviter de manipuler l’animal exposé. En cas de manipulation, se protéger avec gants, lunettes, masques… 

 

 

Signaler

Si vous constatez ou suspectez la présence de chenille processionnaires, vous pouvez les signaler sur le site internet https://signalement-chenilles-processionnaires.atlasante.fr ou sur l’application mobile « Signalement chenilles ».

Moyens de lutte

Il est fortement recommandé que toute intervention de lutte contre les chenilles processionnaires sur les arbres infestés soit réalisée par des professionnels certifiés.

En région Centre-Val de Loire, la FREDON a mis en place une charte des bonnes pratiques de lutte contre les chenilles processionnaires https://www.calameo.com/read/0073542811e4f7766e969?page=1

Les entreprises signataires de cette charte s’engagent à lutter contre les chenilles processionnaires par des méthodes et moyens respectueux de l’environnement et des conditions de sécurité pour la population et pour les professionnels.

Pour en savoir plus sur les méthodes de lutte contre les chenilles processionnaires, l’Observatoire des chenilles processionnaires met à disposition, en ligne, un recueil des méthodes de lutte : https://chenille-risque.info/wp-content/uploads/2023/05/Recueil-methodes-de-lutte-VF.pdf

L’article 57 de la loi du 26 janvier 2016 « Modernisation de notre système de santé », encadre la lutte contre les processionnaires du pin et du chêne.

Par décret du 25 avril 2022 (n°2022-686), les chenilles processionnaires du pin et du chêne ont été ajoutées à la liste des espèces dont la prolifération est nuisible à la santé humaine. Ce décret définit les mesures à mettre en œuvre contre ces espèces aux échelles nationales et locales. Cette classification implique la nécessité de mettre en œuvre un plan de lutte et de prévention à des fins de protection de la population, conformément aux articles L. 1338-1 à L.1338-5 et D. 1338-1 à R.1338-10 du Code de la Santé Publique.

Dans ce contexte, la lutte contre les chenilles processionnaire a été identifiée comme l’un des enjeux du 4ème Plan Régional Santé Environnement Centre-Val de Loire (2024-2028), dont l’action 6.2 porte sur la définition d’une stratégie de lutte et sur la communication autour de cette lutte.

L’article R. 1338-4 du Code de la Santé Publique prévoit que, lorsque la présence d’au moins une des deux espèces de chenilles est constatée ou susceptible d’être constatée dans un département, le préfet de département détermine par arrêté les modalités d’application des mesures qui sont de nature à prévenir l’apparition de ces espèces ou à lutter contre leur prolifération.

En région Centre-Val de Loire, la préfecture du Loir-et-Cher a publié le 18 décembre 2024 un arrêté préfectoral visant à limiter l’exposition des populations aux soies urticantes des chenilles processionnaires du pin et du chêne :